Décideurs, dirigeant·es d'entreprise, élu·es, citoyen·nes, consommateur·ices... Nous sommes tous déboussolés, tiraillés entre deux récits de l'avenir : deux prophéties annoncées comme inéluctables et qui, pourtant, nous poussent dans deux directions opposées.

Face à ce dilemme, certains trouvent raisonnable de miser "all in" sur une fuite en avant du progrès technique, en espérant que celui-ci les protègera du chaos de la réalité naturelle... Nous trouvons plus rationnel de reprendre la maîtrise du progrès technique et de concevoir un système B compatible avec la seule planète habitable de l'univers connu.

Notre écosystème est aligné sur une grille de lecture robuste et un cadre d'analyse partagé. Face aux défis systémiques de notre temps, ces 3 constats incontournables orientent notre action.

La question du discernement technologique est complexe : une même solution technique peut être valable pour un certain usage et à un certain dosage, mais complètement contre-productive au-delà d’un certain seuil. Il est essentiel de questionner les choix qui se cachent sous l'illusion de neutralité de nos solutions techniques : les choix de design qui visent à en cadrer l'usage dans des schémas d’action prédéfinis, et les choix de modèle économique qui convertissent leur valeur perçue en valeur financière.

Les deux mouvements indissociables du discernement technologique
(Source : De quel progrès avons-nous besoin ? de Bruno Markov, Anne Carrière, 2025)

Nous partageons la conviction que la fuite en avant technologique actuelle, dopée par l'intelligence artificielle, repose sur les règles d'un jeu auquel l'Europe et les décideurs rationnels ne peuvent pas gagner. Participer à cette accélération, sans discernement ni véritable contre-modèle, aggrave non seulement la catastrophe écologique, mais revient à être l'idiot utile d'une pyramide de Ponzi dont le sommet se situe principalement chez les oligarques de la Silicon Valley.

Des solutions aux problèmes évoqués existent mais, faute de stratégie coordonnée, elles ne font pas système et finissent involontairement par faire le jeu de l'accélération technologique, du fait des verrous systémiques.

Le modèle des 3 horizons appliqué à l'ambidextrie et à la bifurcation systémiques
(Sources : Three horizons: the patterning of hope de Bill Sharpe, Triarchy Press, 2020 ; H3Uni.org)

Nous reconnaissons la nécessaire coexistence de 3 stratégies systémiques en parallèle. Le système A désigne la technosphère actuelle, insoutenable mais qui doit continuer de fonctionner jusqu’à ce qu’un système alternatif soit en mesure de prendre le relai. Le système B désigne la technosphère-cible, fortement soutenable et réconciliée à la biosphère. Le système A’ est une dérivée de la technosphère actuelle, dont les solutions permettent de gagner en soutenabilité dite "faible" mais qui peut aussi bien servir de transition vers un système B que de leurre pour prolonger l'illusion du système A.